Les non-vaccinés, pas tous des complotistes
« Je ne sais pas où aller chercher ma deuxième dose », lâche Bo Poirier, 31 ans, en laissant tomber son sac à dos par terre. « Ça ne devrait pas être difficile d’aller se faire vacciner. Mais pour moi, c’est difficile », soupire le sans-abri croisé mercredi soir dans le quartier Côte-des-Neiges, à Montréal.
« On m’a dit que si je recevais pas le même vaccin que lors de ma première dose, ça ne fonctionnerait pas. Et j’ai perdu le papier qu’on m’a donné à ma première dose [avec le nom du vaccin] », explique l’homme originaire de Vancouver, le regard hagard. « Je sais que j’ai pas une assez bonne protection en ce moment », ajoute-t-il, désemparé.
Pour Marie, qui ne souhaite pas être désignée par son vrai nom de peur d’être davantage stigmatisée ou associée au mouvement complotiste, c’est la phobie des aiguilles qui la tient loin des centres de vaccination. « C’est pas une peur ou un désagrément. C’est un problème de santé mentale. » La dame de 33 ans qui habite les Laurentides dit avoir essayé à plusieurs reprises de prendre rendez-vous pour se faire vacciner. « Mais le stress est tellement fort. J’y arrive pas. »
Marie a elle-même contacté Le Devoir cette semaine pour tenter d’« humaniser » la statistique du 10 % de non-vaccinés, dans l’espoir de restaurer un certain dialogue dans la société.
« De me faire insulter et manquer de respect tous les jours par nos dirigeants et des journalistes qui ont une tribune, j’accepte pas ça. Et de me faire dire que je suis responsable de la pandémie et des morts, c’est très difficile. […] On n’a même plus le droit de parler parce qu’on est rendus des citoyens de deuxième ordre », soutient-elle.
La dame rappelle que l’ennemi commun, c’est la COVID-19. « Le cas des non-vaccinés prend une place démesurée dans la lutte contre le virus. »
Raisons plus légitimes
Pour Vardit Ravitsky, présidente de l’Association internationale de bioéthique et professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal et à la Harvard Medical School, il est clair qu’on « ne peut pas traiter le groupe entier des non-vaccinés par choix de la même façon ».
Le groupe n’est pas homogène, insiste la bioéthicienne, et certaines personnes ont des raisons « plus légitimes » que d’autres de ne pas se faire vacciner. « Les antivax durs, c’est une portion seulement. »
En plus des personnes souffrant de problèmes de santé mentale ou physique qui les empêchent de se faire vacciner, certains groupes ont « une méfiance historiquement fondée » à l’égard du gouvernement ou du système de santé, souligne-t-elle, citant au passage des minorités visibles ou encore la population autochtone. « Et ça peut être absolument justifié comme attitude. »
« Notre échec à bâtir une société plus équitable date d’il y a longtemps, poursuit Vardit Ravitsky. Dans ce contexte, si une personne qui appartient à une communauté marginalisée a moins confiance en un système qui n’a pas su avant la pandémie soutenir sa communauté, c’est plus compréhensible que quelqu’un qui croit n’importe quoi vu sur les réseaux sociaux. »
Vidéo: Qui sont les vaccinés aux soins intensifs? (Le Devoir)
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La Finlande pour une adhésion à l’OTAN, Moscou dénonce une menace La Finlande pour une adhésion à l’OTAN, Moscou dénonce une menace Le président et la première ministre de la Finlande se sont dits favorables jeudi à une adhésion «sans délai» à l’OTAN, un immense pas vers une candidature devant être officialisée dimanche. Le Kremlin a immédiatement réagi en affirmant qu’une adhésion du pays nordique à l’alliance militaire occidentale constituerait «assurément» une menace contre la Russie. Conséquence directe de l’invasion de l’Ukraine par Moscou, la candidature finlandaise devrait aller de pair avec une demande d’adhésion suédoise, attendue elle aussi dans les prochains jours. «Être membre de l’OTAN renforcerait la sécurité de la Finlande. En tant que membre de l’OTAN, la Finlande renforcerait l’alliance dans son ensemble. La Finlande doit être candidate à l’adhésion à l’OTAN sans délai», —Le président finlandais Sauli Niinistö et la première ministre Sanna Marin dans un communiqué commun. Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a lui salué la volonté des dirigeants finlandais d’intégrer l’Alliance, en promettant un processus «sans heurts» qui se déroulera «rapidement». La prise de position officielle des deux dirigeants marque la bascule de la ligne de la Finlande, qui partage une frontière de 1300 kilomètres et un passé douloureux avec la Russie. Dans le pays de 5,5 millions d’habitants, 76% de la population est désormais en faveur de l’adhésion, selon un sondage publié lundi, soit le triple de son niveau d’avant-guerre. Au Parlement, une très large majorité des 200 députés est acquise avec seulement une dizaine d’opposants déclarés. La chambre se réunira lundi matin pour étudier la proposition de l’exécutif, avec probablement une mise au vote, a fait savoir son président Matti Vanhanen à la télévision publique Yle. La décision formelle sur l’adhésion doit être prise par un Conseil sur la sécurité et la politique étrangère, réunissant le chef de l’État, la première ministre et plusieurs ministres.
Le Devoir
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Un deuxième petit rorqual observé à Montréal Un deuxième petit rorqual observé à Montréal Situation complètement inédite, un deuxième petit rorqual est arrivé à Montréal mercredi. L’animal, qui serait lui aussi un juvénile, a été observé à quelques reprises dans le fleuve Saint-Laurent, remontant le long de l’île de Montréal. Il pourrait donc se retrouver dans le même secteur que l’autre petit rorqual, déjà présent depuis quelques jours. Selon le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), cette deuxième baleine égarée pourrait être la même qui a été observée à Trois-Rivières lundi, puis à Bécancour et enfin à Varennes, mercredi matin. Le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins a mobilisé des bénévoles mercredi pour tenter de repérer cette baleine, qui pourrait se retrouver dans le chenal Le Moyne, ou encore entre l’île Sainte-Hélène et l’île de Montréal. Les premières images du nouveau cétacé perdu à 450 kilomètres de son habitat naturel indiquent qu’il nagerait tout à fait normalement, mais qu’il pourrait s’agir d’un petit rorqual âgé d’à peine quelques mois. Ce nouveau petit rorqual ressemblerait donc à celui qui est présent dans la région montréalaise depuis dimanche. Mardi et mercredi, l’animal de 3,4 mètres a passé toute la journée à nager face à un fort courant, tout près de la rive de l’île Sainte-Hélène, non loin de la sculpture de Calder Trois disques. Pour espérer regagner leur habitat naturel, soit l’estuaire du Saint-Laurent, ces petits rorquals devraient faire demi-tour et redescendre la voie maritime sur plusieurs centaines de kilomètres, au travers du trafic commercial intense sur le fleuve. Il n’y a jamais eu, dans toute l’histoire de Montréal, de cas documenté où deux baleines se trouvaient au même moment dans la région.
Le Devoir
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Une infection à Omicron accroît l’immunité des personnes vaccinées, selon une étude Une infection à Omicron accroît l’immunité des personnes vaccinées, selon une étude Les personnes vaccinées et néanmoins infectées par le variant Omicron disposent par la suite d’une protection immunitaire beaucoup plus solide contre les autres variants que celles qui n’avaient pas été vaccinées, selon une étude parue dans la revue Nature. L’équipe de recherche basée en Afrique du Sud a analysé la réponse immunitaire d’échantillons prélevés chez 15 personnes vaccinées et 24 personnes non vaccinées qui ont contracté le variant Omicron (BA.1) vers le tournant de l’année 2022. Trois semaines après l’apparition des symptômes chez les participants, les anticorps des personnes vaccinées neutralisaient beaucoup plus facilement les variants Delta, Beta et BA.2 lorsqu’ils faisaient face à ces virus en éprouvette. La nouvelle est particulièrement réjouissante en ce qui concerne BA.2, qui est maintenant le variant dominant dans le monde. Plus précisément, les personnes infectées par Omicron (BA.1) et vaccinées disposaient de 4,8 fois plus d’anticorps neutralisants contre BA.2 que les personnes infectées et non vaccinées. En fait, les personnes non vaccinées ne bénéficiaient que d’une neutralisation «faible» contre les autres variants que BA.1 lui-même. Les chercheurs notent que, chez les gens qui ont eu Omicron (BA.1), l’écart de protection entre les personnes vaccinées et non vaccinées est «préoccupant». «L’implication, c’est que l’infection par Omicron n’est pas suffisante pour assurer une protection, et que la vaccination doit être administrée même dans les zones où la prévalence de l’infection par Omicron est élevée afin de protéger contre les autres variants», recommandent-ils. Les anticorps neutralisants sont une importante facette de la défense contre la COVID-19, mais pas la seule: les lymphocytes T cytotoxiques, les lymphocytes tueurs naturels («natural killer») et d’autres types d’anticorps jouent également des rôles importants.
Le Devoir
Un choix personnel
Huguette, 63 ans, dit ne pas adhérer aux théories du complot, mais maintient sa décision de ne pas se faire vacciner malgré la pression gouvernementale et populaire. « Pour moi, la peur est liée au vaccin », explique-t-elle. « J’ai pas envie de servir de cobaye et je ne vois pas la nécessité de recevoir un vaccin à tout prix. »
La dame, qui habite seule dans une petite ville de la Montérégie, assure respecter les mesures sanitaires. « C’est un choix très personnel [ne pas me faire vacciner] que j’ai fait pour protéger ma santé. »
Huguette déplore à grands traits l’animosité grandissante, « nourrie par le gouvernement », à l’égard des non-vaccinés. « Ils veulent qu’on devienne responsables de ce qui se passe dans les hôpitaux, mais on sait très bien que chaque année, les urgences débordent », dit-elle en pointant du doigt la gestion déficiente du système de santé.
Malgré son statut de non-vaccinée, la dame dit continuer à donner du sang. « Je trouve ça vraiment illogique que d’un côté, on me permette de donner du sang pour sauver des vies, et que de l’autre, je devienne une menace et doive payer une amende [la contribution santé] comme si j’étais une criminelle. »
Une résistance normale
Spécialiste de la mise en œuvre des politiques publiques, la professeure de sociologie de l’Université de Montréal Deena White indique qu’il est « normal » qu’une résistance se manifeste dans la société lors de l’application de mesures de santé publique.
« La réaction aux politiques gouvernementales en lien avec la COVID n’est pas très différente de la réaction aux autres politiques de santé publique », souligne-t-elle, en rappelant notamment l’opposition, il y a quelques années, aux mesures liées au tabagisme ou au port de la ceinture de sécurité en voiture.
Elle relève que les politiques de santé publique s’immiscent dans nos vies pour influer sur nos comportements de manière plus prononcée que d’autres types de politiques. « Quand il y a de la résistance, c’est une résistance qui n’a parfois rien à voir avec un complot, mais plutôt avec une résistance normale contre un gouvernement qui cherche à toucher des comportements quotidiens », indique-t-elle, en déplorant que cela ne soit pas davantage reconnu actuellement.
Pour Sarah (nom d’emprunt), 33 ans, cette résistance découle d’une peur des effets secondaires possibles du vaccin. La trentenaire, qui veut garder l’anonymat en raison de la « haine envers les non-vaccinés », dit souffrir de problèmes de santé physique et mentale et ne pas bénéficier d’un suivi médical adéquat. « Je veux pas risquer d’être pire en ce moment, parce que j’ai déjà de la misère à me faire soigner. »
La pression gouvernementale et populaire n’a qu’un seul effet sur elle, dit-elle : « Plus on veut me forcer à me faire vacciner, moins je vais le faire. »