Pourquoi les triples vaccinés représentent près de la moitié des hospitalisations quotidiennes?
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Deux groupes de défense des locataires à Montréal évincés par une école de Toronto Deux groupes de défense des locataires à Montréal évincés par une école de Toronto Un bâtiment où logent deux organismes de défense des droits des locataires de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve a été racheté par un collège privé de Toronto qui entend rénover entièrement celui-ci pour y accueillir des étudiants dès cet automne. L’immeuble de quatre étages de la rue Ontario Est comptait jusqu’à récemment six organismes communautaires de différents horizons, mais trois d’entre eux ont déménagé dans les derniers mois en marge du rachat de ce bâtiment à vocation commerciale par le Cestar College, l’automne dernier, qui leur a demandé de quitter les lieux. Basé à Toronto, ce collège privé se spécialise dans «l’enseignement de formation personnelle et populaire» au moyen de programmes «non universitaires», selon le Registre des entreprises du Québec. La décision du collège de s’implanter progressivement au Québec force ainsi l’éviction des organismes communautaires encore présents dans le bâtiment, dont deux groupes de défense des droits des locataires de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Il s’agit d’Entraide logement, qui vient en aide aux locataires ayant des relations complexes avec leur propriétaire, ainsi que du Comité BAILS, qui aide les personnes dans le besoin à se trouver un logement social. Les deux organismes ont reçu en janvier dernier l’ordre de quitter les lieux le 1er mars, selon des échanges de courriels obtenus par Le Devoir. En négociant avec le nouveau propriétaire, les deux groupes communautaires ont réussi à reporter cette échéance au 1er juillet. Depuis, ceux-ci ont réalisé maintes recherches pour tenter de trouver un endroit où se reloger, mais le temps presse. «On trouve ça bizarre un peu», soutient Guillaume Dostaler, coordonnateur d’Entraide logement, assis dans son bureau au quatrième étage du bâtiment, où des travaux de rénovation ont déjà commencé. Les deux groupes de défense des locataires en voie d’être évincés lorgnent maintenant des locaux situés au sein du Pavillon d’éducation communautaire d’Hochelaga-Maisonneuve, plus à l’est.
Le Devoir
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Éric Duhaime rabroué par Eve Torres Éric Duhaime rabroué par Eve Torres Invité sur les ondes de la radio 98.5 Montréal mercredi pour commenter la candidature aux élections provinciales du Dr Roy Eappen, un médecin antiavortement, le chef du Parti conservateur Éric Duhaime est allé un peu plus loin. Selon lui, la position de son candidat ne représente aucun danger pour le droit des femmes et Québec solidaire (QS) aurait fait pareil en 2018, en présentant la candidature d’une femme voilée. Le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), qui se dit ouvertement «pro-choix», a affirmé que parce qu’elle porte le voile, l’ex-candidate de Québec solidaire Eve Torres serait contre l’avortement. Ce à quoi cette dernière a répliqué sur Twitter. En ondes avec Patrick Lagacé, M. Duhaime a profité de sa plateforme pour dénoncer «une dérive antidémocratique» qui l’inquiète en tant que citoyen. «Tous les Québécois, tous les électeurs, ont droit d’être candidats à une élection générale et ce n’est pas vrai qu’on va exclure des gens, parce qu’ils ont la foi et croient en Dieu», a-t-il dit, rappelant que le Dr Eappen est opposé à l’avortement en raison de ses convictions religieuses. Ses propos font suite à la récente sortie du premier ministre François Legault selon laquelle les candidats antiavortement n’ont pas leur place au Québec et s’inscrivent plus largement dans la foulée du possible renversement de l’arrêt Roe v. Wade, aux États-Unis. «Je trouve ça très hypocrite quand j’entends des gars comme Gabriel Nadeau-Dubois me faire la morale et qu’il ne faudrait pas prendre un candidat parce qu’il a des convictions religieuses, …alors que lui-même, dans son parti, aux dernières élections, avait une candidate voilée, a poursuivi le chef conservateur. Pensez-vous vraiment qu’Eve Torres, qui porte le voile, que c’est une femme qui est pro-choix?» Invitée le lendemain au même micro, Mme Torres a réitéré qu’elle était bel et bien pro-choix, condamnant par la même occasion l’amalgame voulant qu’une femme voilée soit forcément antiavortement. «J’aurais apprécié qu’on me pose la question avant d’en arriver à des conclusions», a-t-elle affirmé au Devoir. Ce genre de propos sont «dangereux» et «continuent d’alimenter les préjugés qui sont déjà présents [au Québec et ailleurs en Occident]», a-t-elle tenu à ajouter.
Le Devoir
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Le masque ne disparaîtra pas de tous les milieux Le masque ne disparaîtra pas de tous les milieux Si elle fait le bonheur de plusieurs, la levée le 14 mai de l’obligation du port du masque est accueillie avec tension et réserve dans plusieurs milieux. Certaines écoles et certaines entreprises entendent la maintenir pour protéger leurs employés et la clientèle. Même si le port du masque n’est plus requis depuis le 7 mars en classe de primaire et de secondaire, plusieurs enseignants n’entendent pas se départir de sitôt de cet outil qui fait maintenant partie de la «nouvelle normalité». «Nous, on s’attend à ce que la majorité de nos membres continuent à le porter. C’est déjà le cas de beaucoup d’élèves du secondaire, jusqu’à 75% dans certaines écoles», affirme Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE). Alors que la fin des classes a déjà sonné pour plusieurs établissements d’enseignement supérieur, plusieurs universités ont déjà indiqué leur intention de maintenir obligatoire le port du masque pour plusieurs semaines sur leur campus pour la session d’été. Du côté des restaurateurs, l’heure était plus au soulagement mercredi, le masque obligatoire étant devenu un des symboles s’ajoutant au problème criant de recrutement de main-d’œuvre. «Si le public n’y est plus tenu, il n’y aurait pas de cohérence à l’exiger de la part des employés. Par contre, un employé qui voudrait porter le masque pour se protéger, on serait mal avisé de l’en empêcher.» —Martin Vézina, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l’Association Restauration Québec Dans les résidences pour aînés, la levée du port du masque a aussi été chaudement accueillie, les quelque 145 000 résidents ayant eu l’impression d’avoir été victimes de «surconfinement». Dans le secteur privé, le retrait du port du masque ne fait pas l’unanimité non plus. Dans certains secteurs, il est impossible de garder un mètre de distance, et ce, pendant plus d’une heure de contact avec la même personne. Diverses entreprises attendent pour leur part de voir si la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) édictera des mesures particulières s’appliquant à leur secteur d’activité.
Le Devoir
Dès samedi, les Québécois pourront de nouveau partager le micro dans les bars pour entonner leur air nostalgique préféré et n’auront plus à présenter leur passeport vaccinal en entrant au cinéma. Pourtant, malgré le discours rassurant des autorités sanitaires sur l’efficacité de la dose de rappel, ce sont les triples vaccinés qui sont les plus hospitalisés au Québec depuis plus d’un mois.
Au Québec, sur les 35 personnes atteintes de la COVID dont l’hospitalisation a été comptabilisée lundi, 24 avaient reçu une dose de rappel, et 7 n’étaient pas vaccinées. Cette tendance s’observe d’ailleurs aussi chez les cas d’infection.
Moins d’un mois après l’administration de la majorité des troisièmes doses, est-ce le signe que la dose de rappel ne confère déjà plus la protection espérée ? La réponse simple, c’est non. L’explication derrière est toutefois assez complexe.
D’abord, la campagne de vaccination pour cette troisième dose a commencé au début de l’automne dernier pour les personnes à risque, notamment les personnes âgées. À la mi-février, soit le moment où les triples vaccinés ont commencé à surpasser le nombre de non-vaccinés dans les hôpitaux, il s’était donc déjà écoulé environ quatre mois depuis l’administration des doses de rappel à ces patients plus vulnérables.
Or, la protection conférée par l’infection et le vaccin semble diminuer avec le temps. « Sur une durée de quatre mois, on sait que l’efficacité se maintient mieux pour les problèmes sérieux, explique Nicholas Brousseau, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et président du Comité sur l’immunisation du Québec. Mais pour la prévention de l’infection, même une COVID très légère qui ressemble à un rhume, la durée d’efficacité de la dose de rappel semble en effet diminuer plus rapidement. »
La différence du variant Omicron par rapport au virus d’origine est également substantielle, remarque Benoit Barbeau, professeur de sciences biologiques à l’Université du Québec à Montréal. « On sait très bien que la dose de rappel nous offre une protection, mais elle diminue plus rapidement face à Omicron qu’avec le variant Delta. Non seulement le virus est plus infectieux, mais en plus, la formulation vaccinale de la dose de rappel était surtout adaptée au virus d’origine. »
Une étude de l’INSPQ publiée à la mi-février évalue l’efficacité de la troisième dose à 90 % pour les formes plus graves de la maladie, contre 80 % pour deux doses de vaccin.
Un risque à géométrie variable
Au-delà de l’efficacité qui diminue dans le temps, la question de l’âge est centrale pour expliquer le changement de cap dans la composition des hospitalisations depuis le début de l’année. « Les personnes âgées sont celles qui sont le plus à risque d’être hospitalisées, point. Mais en plus, une fois qu’elles ont contracté la COVID-19, les risques de complications sont plus élevés », souligne Benoit Barbeau.
C’est pour cette raison qu’il est pertinent d’observer les hospitalisations selon l’âge : lundi dernier, on comptait 238 personnes de moins de 60 ans hospitalisées pour la COVID-19 au Québec, contre 1014 de 60 ans et plus, soit 81 %.
Les personnes âgées se perçoivent, à juste titre, comme étant plus à risque, ce qui explique que c’est la tranche de la population la plus encline à aller chercher une troisième dose de vaccin. En date du 7 mars, 85 % des adultes de 60 ans et plus avaient relevé la manche pour une troisième fois, contre une moyenne de 55 % chez les adultes québécois.
Les personnes les plus vulnérables, donc celles qui se retrouvent en plus grand nombre dans les hôpitaux, sont ainsi celles qui sont le plus largement vaccinées, ce qui crée une distorsion, selon Nicholas Brousseau.
La réaction des personnes âgées à la dose de rappel est elle aussi différente : elle est moins forte, donc moins efficace, que chez un adulte plus jeune, explique le médecin-conseil de l’INSPQ. « Les personnes âgées vont revenir plus rapidement à un seuil où elles sont plus sujettes à être infectées et plus tard à être hospitalisées. C’est pour ça qu’on entend déjà parler de deuxième dose de rappel. »
Des pays comme Israël, le Chili, l’Espagne, le Danemark et la Suède proposent la quatrième dose à certains groupes à risque. Au Québec, elle n’est offerte qu’aux personnes immunosupprimées.
Même si une réflexion est en cours, Nicholas Brousseau affirme qu’il n’est pas question pour l’instant d’étendre la quatrième dose à un plus large public compte tenu de l’efficacité de la troisième dose contre les complications de la COVID-19.
Une question de proportions
Même si elles montrent une nouvelle tendance qui émerge, les données des hospitalisations en chiffres absolus ne reflètent pas la proportion de chaque groupe dans la population. « On voit quand même que les deux courbes se rapprochent, note Benoit Barbeau, mais il reste que les non-vaccinés sont les gens qui sont les plus sujets à être hospitalisés. »
Ainsi, par rapport à leur poids démographique, ce sont toujours les non-vaccinés qui connaissent le plus d’hospitalisations, avec un taux de 0,9 par 100 000 personnes le 7 mars. Parmi les triples vaccinés, on compte plutôt 0,6 hospitalisation pour 100 000 personnes.
« Si 100 % des Québécois étaient vaccinés, eh bien 100 % des gens qui seraient hospitalisés seraient vaccinés. Est-ce qu’on devrait conclure pour autant que les vaccins ne sont pas efficaces ? Bien sûr que non », lance Benoit Barbeau.
« On n’est pas à l’abri d’une sixième vague »
La question de la durée de la protection offerte par les vaccins contre la COVID-19 reste pertinente, puisque le gouvernement compte, au « plus tard à la mi-avril », retirer l’obligation de porter le masque dans les lieux publics (hormis dans les transports collectifs), l’une des dernières étapes du déconfinement, selon le gouvernement.
Même si les deux experts jugent que le moment est opportun pour l’abandon des mesures sanitaires, ils estiment qu’il est assez probable que la province voit une augmentation des cas et des hospitalisations, à la lumière des nouvelles données révélées par Le Devoir.
« Que ça soit d’enlever les masques ou d’augmenter le nombre de personnes qui sont permises dans un lieu, c’est sûr que les risques de transmission, d’infection et même de réinfection sont plus élevés », admet Benoit Barbeau.
Mais la clé est encore et toujours la même, selon Nicholas Brousseau : « y aller le plus progressivement possible, trouver un équilibre entre retrouver une vie normale et déconfiner trop rapidement, puis rester à l’affût, parce qu’on n’est pas à l’abri d’une sixième vague ».
Le médecin-conseil de l’INSPQ rappelle toutefois que la vague Omicron est survenue en plein hiver, alors que familles et amis se rassemblaient à l’intérieur, bien à l’abri de la neige, pour célébrer Noël. « Cette fois-ci, on n’offrira pas de si bonnes conditions au virus pour se transmettre. Les gens vont surtout être à l’extérieur. »
Ce texte a été mis à jour après publication pour actualiser les données.