Curcuma : des bénéfices mais aussi des risques
Épice très utilisée en Asie, le curcuma est une plante aussi présente dans de nombreux compléments alimentaires pour ses vertus potentielles. Toutefois, à la suite de plusieurs signalements, l’Anses alerte sur le risque d’hépatite que la consommation de ces derniers peut provoquer.
Connu dans le monde entier, le « safran des Indes » - car cultivé en Inde -, vient d’une racine qui ressemble au gingembre mais a la chaire orangée, qu’on réduit en poudre. Si cette épice entre dans la composition de tous les currys, pickles et chutneys, elle est également utilisée en médecine traditionnelle indienne et chinoise. Car le curcuma contient de la curcumine, une molécule connue pour ses propriétés anti-inflammatoires, anti-oxydantes, digestives...
Cette substance miraculeuse purifierait le foie de ses toxines, équilibrerait le niveau de cholestérol, aiderait à lutter contre les allergies, stimulerait la digestion, renforcerait l’immunité.
Par conséquent, de nombreux compléments alimentaires contenant du curcuma ou sa substance active, la curcumine, ont vu le jour sur le marché français. Mais la vigilance s’impose car ils ne sont pas dénués de risques.
Vidéo: CUISINE ACTUELLE - Intoxication alimentaire : comment conserver les aliments pour l’éviter ? (Dailymotion)

Une trentaine de cas d’hépatite en France et en Italie
Dans un rapport d’expertise publié le 27 juillet, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) pointe des effets indésirables liés à la consommation de compléments alimentaires contenant du curcuma : « Récemment, l’Italie a recensé une vingtaine de cas d’hépatite impliquant [de tels produits] (…). En France, le dispositif de nutrivigilance de l’Anses a enregistré plus de 100 signalements d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant du curcuma ou de la curcumine, dont 15 hépatites. » L’Anses s’est dont autosaisie pour identifier les risques potentiels liés à la consommation de ces compléments alimentaires.
Pour une consommation de curcumine sans risque pour la santé, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a fixé la dose journalière admissible (DJA) à 180 mg de curcumine par jour pour un adulte de 60 kg. Afin que tous les apports alimentaires, compléments alimentaires inclus, ne dépassent pas la DJA, l’Anses a déterminé que la dose apportée par les compléments alimentaires doit rester inférieure à 153 mg par jour pour un adulte de 60 kg.
Mais attention, cette valeur n’est valable que pour les compléments alimentaires contenant de la curcumine sous forme classique. Or, d’après l’Anses, les Français recourraient de plus en plus à des formulations qui augmentent de « quatre à 185 fois » la biodisponibilité et donc les effets de la curcumine, exemples : association à d’autres ingrédients tels que la pipérine ou à de l’huile essentielle de curcuma, complexe phytosomal, micelle, nanoparticules colloïdales, encapsulation…
Or, l’étiquette précise rarement s’il s’agit d’une formulation classique ou nouvelle. Le consommateur peut donc consommer à son insu un produit potentiellement toxique. Prudence, comme avec tous les compléments alimentaires !