Le drapeau à damier a-t-il été agité un tour trop tôt à Suzuka ?
Le drapeau à damier a pris tout le monde de court à la fin du Grand Prix du Japon. La direction de course aurait-elle commis une erreur ?
Au Grand Prix du Japon, il n'y a pas que la pleine attribution des points, permettant à Max Verstappen d'être couronné, qui a surpris tout le paddock. Le drapeau à damier lui-même a pris les écuries de court, puisque plusieurs s'attendaient à un tour supplémentaire, à tel point qu'un certain nombre d'ingénieurs ont demandé à leur pilote de continuer à attaquer.
D'où vient cette confusion ? De la réglementation sportive, tout simplement, et notamment de la règle limitant la durée d'un Grand Prix à deux heures, en vigueur depuis plusieurs décennies. "Si deux heures s'écoulent avant que la distance de course prévue ne soit parcourue, le signal de fin de séance est montré au leader lorsqu'il franchit la ligne de contrôle à la fin du tour suivant le tour lors duquel la période de deux heures s'est achevée, à condition que cela ne fasse pas dépasser le nombre de tours prévu." En d'autres termes, si le chronomètre atteint zéro, le leader finit son tour en cours et en parcourt un autre.
Or, la règle des deux heures s'applique à du roulage effectif. En cas de drapeau rouge, la durée de l'épreuve (interruption comprise) ne doit pas dépasser trois heures. Et là, le règlement est moins clair : "Si la course est suspendue, la longueur de la suspension sera ajoutée à cette période [de course] pour un temps de course total de trois heures maximum."
Rien n'indique qu'un tour supplémentaire doit avoir lieu. Pourtant, certaines écuries l'attendaient, ce tour. Gianpiero Lambiase a informé Verstappen : "OK, Max, il semble y avoir de la confusion quant au fait que la course soit finie ou non. Nous pensons qu'elle l'est, mais continue." Charles Leclerc a demandé si l'épreuve était terminée, et McLaren a intimé à Daniel Ricciardo de maintenir son rythme, faute de certitudes… en voyant Verstappen continuer à attaquer.
"Le drapeau à damier a été agité au bon moment, mais nous avons vu que Max était encore à fond après avoir franchi la ligne d'arrivée, alors je ne sais pas précisément ce qui est arrivé", commente le directeur d'équipe Andreas Seidl. "Nous étions tous d'accord sur le fait que la course était finie. Mais parce que Max attaquait encore, nous avons initialement décidé de jouer la sécurité et de continuer à attaquer également, car nous avions peut-être manqué quelque chose." Or, historiquement, si le drapeau à damier est agité, la course s'arrête quel que soit le timing.
Le Règlement Sportif a été interprété différemment à Monaco
Pendant ce temps, chez Alpine, on s'est senti floué, un Fernando Alonso en pneus neufs ayant échoué à 11 millièmes de seconde de Sebastian Vettel sur la ligne d'arrivée.
Lire aussi :Déçu par la stratégie, Alonso déplore le manque d'écoute d'AlpineSi l'interprétation du règlement faite ce dimanche paraît difficilement contestable, il convient toutefois de souligner que la limite des trois heures avait déjà été utilisée cette année à Monaco, et d'une manière différente. À Suzuka, Max Verstappen a franchi la ligne d'arrivée avec quatre secondes au chronomètre, et le drapeau à damier a été agité à la fin du tour qu'il a alors entamé. En Principauté, en revanche, le leader Sergio Pérez est passé sur la ligne avec 1'05 au compteur ; le chrono s'est écoulé avant le terme de son tour, mais une boucle supplémentaire a quand même été ajoutée. Dans les deux cas, le directeur de course était Eduardo Freitas.
Dans ce contexte, nul doute que la règle sera réécrite pour 2023 afin de la clarifier – tout comme celle du barème de points en cas de course abrégée…
Avec Jonathan Noble et Pablo Elizalde
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